Entretien avec Fanny Reyre-Ménard et Stéphane Colas
1. Pouvez-vous nous présenter votre entreprise en quelques mots ?
L’Atelier du Quatuor fête ses 35 ans cette année. L’aventure a commencé en 1988 avec la reprise du seul atelier de lutherie nantais par Fanny Reyre Ménard. Elle est rejointe par son mari Éric Ménard et depuis 6 ans, Stéphane Colas est venue compléter l’équipe.
Notre atelier est spécialisé dans les instruments à cordes frottées, nous fabriquons quelques instruments et nous proposons des services de vente, réparation, expertise, location, entretien de violons, altos, violoncelles et contrebasses, des instruments anciens et des archets. Le cœur de notre métier est d’accompagner le musicien dans tout son parcours musical en lui fournissant toujours l’instrument adapté à ses besoins.
L’Atelier depuis des années promeut la facture instrumentale durable, privilégiant les instruments de qualité français et européens, à la durée de vie longue et pouvant être entretenus. C’est bien sûr dans cet esprit que nous fabriquons nos instruments. Et au-delà de cela, une attention particulière est apportée à l’origine des matériaux, produits et accessoires afin de privilégier des circuits plus courts et promouvoir des achats et des consommations justes. En cette année 2023, l’Atelier du Quatuor a engagé une démarche RSE accompagnée par un cabinet-conseil afin de formaliser des pratiques déjà adoptées et aller plus loin dans cette approche, la faire connaitre et la partager avec nos clients.
C’est un projet porté à trois voix et nous sommes investis sur de nombreux sujets tant à l’Atelier qu’en dehors :
- La préservation et la qualité des bois de lutherie ;
- La parité homme-femme ;
- Les valeurs de l’entreprise, notamment celle du partage ;
- La valorisation et la reconnaissance des savoir-faire de la facture instrumentale ;
- La transmission de ces savoir-faire (stagiaires) ;
- Le mécénat aux musiciens avec le prêt d’instruments de musique ;
- La valorisation constante de la musique et de la pratique musicale, via des collaborations avec des écoles notamment et dans le suivi de projet orchestre à l’école ;
- Le développement de la pratique instrumentale.
En cohérence avec l’ensemble de ces engagements, Fanny Reyre Ménard - élue à la Chambre des Métiers des Pays de la Loire, présidente régionale de l’U2P Pays de la Loire - a été porte-parole CITES de la CSFI à la Cop18, mais aussi à la COP19 au Panamá pour lutter contre le classement du Pernambouc à l’Annexe I de la CITES et ainsi veiller à la pérennité des métiers d’archetier et de luthier dans le respect de la protection de la biodiversité.
2. Pourquoi avoir demandé le label pour votre entreprise et qu’en attendez-vous ?
La facture instrumentale française a une longue et prestigieuse histoire. Elle a joué une place majeure dans l’évolution de la musique et a encore une place importante. À l’heure où la plupart des instruments en France sont importés, il faut la mettre en avant. Nous sommes très fiers de nous y rattacher. Il est indispensable de permettre à nos clients ou futurs clients d’avoir des repères.
C’est dans cet esprit que nous avons entrepris il y a quelques années déjà de postuler et pu obtenir le titre de Maitre Artisan des Métiers d’Art délivré par la Chambre de Métier et de l’Artisanat.
Mais le métier de luthier est un domaine très spécifique. Les engagements et exigences de ce label créé par nos pairs sont autant de gages de qualité et de sérieux du service que nous voulons apporter à nos clients musiciens, petits ou grands.
L’entreprise est inscrite dans une démarche globale de qualité tant dans les instruments proposés que dans les services que nous pouvons offrir pour accompagner le musicien, de ses premiers pas dans la musique, à toute la suite de sa carrière, elle s’inscrit aussi dans une tradition. Ce label tient compte de tout cela.
Le souhait de l’Atelier est également de faire connaitre et de mettre en avant le réseau de luthiers/archetiers et facteurs de France. Il est indispensable de mettre en avant tous ces professionnels qualifiés, de confiance et engagés qui promeuvent des bonnes pratiques et sont capables de vous proposer des instruments de musique durables et de s’en occuper. Ces professionnels de proximité sont des piliers essentiels de la vie musicale dans notre pays.
3. Que diriez-vous aux luthiers et facteurs de France pour les inciter à obtenir le label ?
À nos yeux, trois raisons :
- Participer à une démarche collective d’exigence et de qualité portée par les professionnels français de la facture instrumentale ;
- S’inscrire dans l’histoire de la facture instrumentale française et se mobiliser pour qu’elle reste vivante ;
- Donner des repères aux clients pour se démarquer des propositions de vente en ligne et dans les réseaux commerciaux non spécialisés… Mais il y en certainement bien d’autres !
Entretien réalisé par Léa Lehembre - Avril 2023
L'Atelier du quatuor en photos