Animée par Jacques Carbonneaux (CSFI/APLG), elle a rassemblé les intervenants suivants :
- Hugues Aufray, Auteur-compositeur-interprète, guitariste et sculpteur ;
- Jérôme Perrod, Président de la CSFI et PDG de Buffet-Crampon ;
- Pierre Lemoine, PDG des éditions Henry Lemoine et président de la Chambre Syndicale des éditeurs de Musique de France, représentant TPLM (Tous Pour La Musique - lien) ;
- Marianne Blayau, Déléguée générale de l'association Orchestre à l'école - OAE;
- Nicolas Saddier, Conseiller Musique au sein de la Mission EAC de la Direction générale de l’enseignement scolaire du ministère de l’Education nationale ;
- Isabelle Jacquot-Marchand, Cheffe du bureau des temps de la vie au sein de la sous-direction de la participation à la vie culturelle du ministère de la Culture.
De gauche à droite : Jacques Carbonneaux, Hugues Aufray, Marianne Blayau, Jérôme Perrod, Isabelle Jacquot-Marchand, Nicolas Saddier, Pierre Lemoine,
Comme indiqué en introduction de cette table ronde, la CSFI a toujours soutenu la pratique instrumentale à l'école en initiant dès 1999 la création des Orchestres à l'école, qui est devenue une association autonome en 2009. En 2012, une convention a été signée, dans le cadre de l’EAC - Éducation artistique et culturelle en France, entre l'association Orchestre à l'école, le Ministère de l'Éducation nationale et le Ministère de la Culture, pour le développement de la pratique instrumentale collective au sein des écoles et collèges.
Le tour de table débute avec l'artiste
Hugues Aufray qui, comme à son habitude et pour le plaisir de tous, ne mâche pas ses mots. Il s'adresse tout d'abord à Nicolas Saddier du ministère de l'éducation nationale et lui indique qu'il faudrait un changement profond dans ce ministère : revenir au choix de la révolution française et créer un « Ministère de l’Instruction Publique », d’un côté l’enseignement, de l’autre l’éducation.
Il constate par ailleurs que la séparation de l'État et de l'Eglise en 1905 a provoqué la disparition de la musique qui rythmait alors toutes les étapes d'une vie d'un peuple. Depuis, affirme t-il, la musique a pratiquement disparu de notre enseignement et de notre instruction.
Il présente enfin son projet de longue date de proposer comme instrument à l'école le ukulélé : "
un instrument qui libère la bouche pour chanter, permet la création d’harmonies à la main gauche et le rythme à la main droite, Autonomie ! Par cet apprentissage, le Ukulélé ouvre les portes à la pratique plus complexe de la guitare." Lire l'interview d'Hugues Aufary accordée à la CSFI
Nicolas Saddier, du ministère de l'Éducation nationale, prend ensuite la parole et indique qu'il est convaincu des bienfaits de la pratique instrumentale à l'école. Il confirme également que la convention signée entre les ministères et l'association OAE en 2012 est un premier pas prometteur. La problématique étant de généraliser une telle initiative partout en France, car cela nécessite une logistique et des moyens non négligeables.
Isabelle Jacquot-Marchand, du ministère de la Culture, confirme l'importance des Orchestres à l'école, mais précise que la musique n'est pas le seul art qu'il faut développer à l'école et qu'il ne serait pas juste de tout miser sur elle.
Marianne Blayau, de l'association OAE, présente alors l'historique des orchestres à l'école et la fulgurante évolution de cette initiative dans les écoles de France. Ce dispositif est devenu au fil du temps un outil pédagogique, pas seulement pour la pratique musicale, mais aussi pour le lien social qu'il crée à l'école entre les élèves et également avec leurs professeurs.
Pierre Lemoine, des éditions Henry Lemoine et représentant de TPLM, confirme les bienfaits du retour de l'instrument à l'école. Il faut d'ailleurs noter que l'association TPLM lors du Festival MaMA est intervenue le 15 octobre 2021 pour démontrer à travers une étude à quel point la musique compte pour les Français. Ainsi, ce sont "
84% d’entre eux, qui estiment qu'il est important de développer l’éducation artistique et musicale à l’école".
Voir l'étude
Jérôme Perrod, président de Buffet Crampon et de la CSFI, soutient tous les propos énoncés jusque-là et insiste sur l'importance du succès des orchestres à l'école et de la nécessité de continuer à les développer. Il précise que, sans le soutien actif des institutions politiques, les actions des associations comme OAE, la CSFI, TPLM et autres n'arriveront pas, à elles seules, à mettre en place un projet d'envergure et pérenne à l'école.
Le débat se concentre ensuite sur des questions diverses, mais liées entre elles : quel instrument mettre à l'école ? faut-il remplacer la flûte par un seul instrument comme le ukulélé et doit-on obliger la pratique instrumentale à tous les élèves ou la laisser optionnelle ? et comment harmoniser tout ça avec la nécessité de jouer en groupe, c'est-à-dire avec plusieurs instruments comme cela se fait dans les Orchestres à l'école ?
Le temps nous a manqué pour répondre à toutes ces questions, mais suite à cette table ronde, Jérôme Perrod s'est interrogé sur la question obligatoire/optionnel.
Il fait le parallèle avec le système de musique scolaire aux USA dans lequel près de 80% des enfants pratiquent la musique "collective" pendant 3 ans (40% font des orchestres "band & Orchestra, 40% du chant choral) ce qui donne une vraie opportunité aux enfants de pratiquer. Dans d'autres pays (Japon, Corée, Allemagne, Scandinavie, UK...) la pratique est également inscrite - plus sous forme de club / d'options - dans les écoles.