Entretien avec Sylvie Fouanon
1. Pouvez-vous nous présenter votre entreprise en quelques mots ?
Je m’appelle Sylvie Fouanon, je suis restauratrice de pianos depuis 40 ans. Je pérennise la Maison Balleron établie à Paris dans le XVIème depuis 1902. Je me suis spécialisée dans la restauration des pianos anciens – compris entre 1840 et 1940 – et plus particulièrement des grandes marques comme Pleyel, Gaveau, Erard, Bechstein, Blüthner, Bösendorfer, Steinway, etc. L’atelier est engagé dans la préservation du patrimoine musical avec l'utilisation des techniques ancestrales des métiers d'art. Je fabrique et réalise mes propres vernis traditionnels à base de gomme laque naturelle. L’atelier possède le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) depuis 2008, je suis inscrite au tableau des Experts à la Cour d’Appel de Paris depuis 2011, et j’ai été nommée Maître d'Art en octobre 2019 par le Ministère de la Culture puis Chevalier de la Légion d'Honneur en 2020 par le Président de la République. Je suis membre des Grands Ateliers De France, sélection d'artisans qui, indépendamment de tout organisme institutionnel ou privé, se reconnaissent et se choisissent afin de se porter garant de la valeur des autres. Très engagée dans la défense des Métiers d’Art, je suis Élue Territoriale à la Chambre des Métiers de Paris en 2021 pour cinq ans. Enfin, j’intègre l'Homo Faber Guide de la prestigieuse Fondation Michelangelo. J’expose mes pianos au Salon du Patrimoine depuis plusieurs années car je ne m’identifie pas comme une entreprise commerciale, mais bien comme une entreprise des Métiers d’Art.
2. Pourquoi avoir demandé le label pour votre entreprise et qu’en attendez-vous ?
Je suis adhérente et participe aux travaux de la CSFI depuis 6 années. Lorsque le label a été annoncé, j’ai directement souhaité l’obtenir pour sa portabilité dans le monde musical. Dans ce milieu, ce label permet de :
- Regrouper des visions extérieures à celles dans le monde de la restauration de pianos ;
- Promouvoir la pérennité de nos métiers d’art ;
- Être porteur, pouvoir se faire entendre, sortir du lot, que ce soit pour les musiciens, les clients ou encore les institutions.
Suite aux nombreux auto-entrepreneurs qui s’installent dans ce domaine d’activité - parfois sans les compétences adéquates - le label Luthiers et Facteurs de France est un gage de qualité pour le public. Ce n’est pas tout le monde qui peut l’obtenir grâce à une charte rigoureuse.
3. Que diriez-vous aux luthiers et facteurs de France pour les inciter à obtenir le label ?
Venez participer à la vie de la CSFI en promouvant et défendant les intérêts des métiers de la facture instrumentale et métiers d’art.
Dans le commerce, il n’y a pas de circuit court, pas de recyclage.
Il y a tellement de métiers d’art extraordinaires qui ne sont malheureusement pas valorisés et je trouve ça dommage.
Pour moi, à mon niveau, ce label est avant tout un avantage politique. Il permet de mieux se faire entendre et respecter par les institutions, les organismes, et clientèle s’en trouve rassurée.
Entretien réalisé par Léa Lehembre - Mai 2023